ça y est, on l'a fait !
Silas ne va plus à l'école depuis hier. On avait déjà parlé ici (et ailleurs) d'IEF, c'est-à-dire "instruction en famille", ça nous trottait depuis un bon bout de temps, enfin, surtout moi qui ne suis pas fan de l'instruction homogénéisée qui est proposée en milieu scolaire (et les contraintes qui vont avec comme les pipis à heure fixe et en public) et qui ai des idées assez précises de l'ambiance qui devrait, selon moi et concernant Silas en particulier, régner pour favoriser un développement harmonieux de cette petite personne, dans le respect de son rythme individuel et de ses besoins à lui (et attention, je ne prétends pas que l'école est nulle ou inutile, c'est un outil indispensable pour de très nombreux enfants dans la société dans laquelle nous vivons et merveilleux dès lors qu'il est manipulé par des personnes respectueuses, passionnées et compétentes, et il y en a beaucoup, je n'en doute pas). Simplement, Silas a témoigné de certains traits de caractère laissant croire que ce mode d'instruction ne lui serait pas des plus profitables et comme j'ai la possibilité (et l'envie aussi) de faire autrement, pourquoi s'en priver ?
Le papa, lui, c'est plus les circonstances qui l'ont décidé même si sur le principe, il était plutôt favorable à cette idée. Les circonstances, les voici :
- une instit-directrice qui ne nous inspire pas confiance et des méthodes auxquelles nous n'adhérons pas et c'est peu de le dire ainsi (le système de la carotte et du bâton : des images genre "bon point" quand on fait "bien", rien si on n'y arrive pas, des punitions si on fait "mal" ou "comment court-circuiter l'envie naturelle d'apprendre juste parce qu'on veut savoir..."; une douceur plus que relative avec les enfants, une technique de résolution des conflits assez hallucinante, des DVD de petit ours brun comme support aux activités de langage, j'en passe et pas des moins bonnes...).
- l'impossibilité malgré nos demandes répétées de le faire passer dans la classe supérieure au vu de ses 2/3 d'année scolaire faits l'an dernier : il se retrouvait le plus grand des petits et tout-petits, dans une classe de 34 inscrits dont beaucoup pleurent encore une bonne partie de la matinée 15 jours après la rentrée avec un programme qui ne correspondait pas du tout, mais alors pas du tout à ses besoins : compter jusque 5 (il compte jusque 69 et c'est nous qui l'empêchons d'aller au-delà), découvrir les couleurs primaires (il connaît jusqu'au beige et les nuances clair et foncé...), etc. Alors certes, les activités étaient censées être "adaptées" à son niveau mais bon, on partait de loin... Tous les enfants avec qui il a noué le peu de liens qu'il a su l'an dernier sont passés chez les "petits-moyens", lui est resté chez les "tout-petits-petits" "parce qu'il faut bien trancher au niveau des effectifs" et avec la consolation que ce sera valorisant pour lui de montrer l'exemple aux tout-petits...(pas convaincant pour nous)
- concernant la socialisation, l'expérience nous prouve que Silas rentre bien mieux en contact avec d'autres enfants dans des petits groupes et via des activités choisies et qui l'intéressent vraiment comme l'éveil musical (faut que je fasse un post sur Cric Crac d'ailleurs !) ou la gym : les bains de foule, très peu pour lui, surtout si ça fait du bruit et à l'école, ça en fait ! Donc même pour cet aspect de l'école, nous croyons qu'il lui sera plus bénéfique de s'en passer pour avoir plus de temps pour voir du monde autrement !
Ce matin, nous sommes allés rencontrer une autre famille pratiquant l'IEF, dont la maman est relai régional pour l'association "Les Enfants D'Abord", une des deux
grosses assos autour de l'IEF. C'était super !!! Par chance, elle vit à 15 minutes de chez nous et le plus jeune de la famille a 3 ans et demi, autant dire qu'on va essayer de se voir régulièrement ! La grande (8 ans) a passé sa matinée à s'occuper de Nouka, ravie d'aller caresser les poules, voir les lapins, sauter sur le trampoline ou faire du toboggan dans leur beau jardin. Silas lui, a appris à faire voler un cerf-volant et a fait ses premiers essais de trapèze après avoir joué un peu aux petites voitures avec notre hôte. Tous ensemble, ils ont joué au coloredo (une activité proche de ce que faisait Silas la semaine dernière à l'école) pendant que les mamans prenaient le thé en parlant pédagogie et sorties éducatives en prévision : une matinée extra pour tout le monde et riche de découvertes !
Ce qui a déjà changé : nous sommes tous plus zen !!! Moi-même, je me sens comme soulagée, comme si auparavant j'étais tiraillée entre m'occuper des enfants et reprendre une activité pour moi. Maintenant, les choses sont claires (au moins jusqu'à nouvel ordre puisque nous ne savons pas ce que l'avenir, même proche, nous réserve...) et je peux m'épanouir dans ce rôle de maman à temps plein.
Pour info : ce n'est pas l'école qui est obligatoire en France, mais l'instruction et uniquement à partir de l'âge de 6 ans. Avant cela, on n'est pas obligé de mettre son enfant à l'école (juste, si on le fait, on a obligation d'assiduité et si on le retire, on doit demander un certificat de radiation) ni même de l'instruire et passés ses 6 ans, il suffit de prévenir les instances concernées : l'inspection d'académie effectue un contrôle annuel pour vérifier uniquement qu'il y a bien instruction de l'enfant (sans nécessité de suivre le programme officiel) et une assistante sociale vient une fois (me semble-t-il) pour noter les raisons de la non-scolarisation (qui cache parfois des dérives sectaires ou de la maltraitance mais on essaiera de faire en sorte que ce ne soit pas le cas chez nous !).
Il existe de nombreuses manières de pratiquer l'IEF, autant qu'il y a d'enfants non-sco pourrait-on dire : ici, pour le moment, nous allons tenter de trouver le juste équilibre entre le unschooling où l'enfant apprend de lui-même au contact des personnes qui l'entourent, l'"école à la maison" où l'"instruisant" fait travailler l'enfant parfois de manière très scolaire, en s'inspirant des programmes souvent ou avec le support de cours par correspondance par exemple, et la pédagogie Montessori (je fais mon premier stage fin octobre).
En gros, on va continuer à faire ce que l'on a toujours essayé de faire : faire confiance à Silas, essayer de l'observer de manière assez pertinente pour lui proposer du matériel correspondant à ses besoins du moment, répondre à ses demandes et (mais c'est surtout pour nous rassurer nous dans un premier temps) lui donner de temps en temps quelques fiches plus scolaires pour voir où on va.
Nous n'avons pas encore établi de programme pour les années à venir. Il se peut que l'on trouve une école qui nous paraisse adaptée à Silas dès l'an prochain, ou pas, il se peut qu'on s'aperçoive que ce choix était une erreur, ou pas, il se peut aussi qu'il n'aille plus jamais à l'école. Ou pas. Ensuite viendront les mêmes questions pour Nouka avec son caractère si différent et ses besoins souvent opposés à ceux de son frère, mais toujours les mêmes exigences de notre part sur "comment l'accompagner au mieux vers son autonomie". Pour l'instant, en tout cas, après mûre réflexion et plein accord entre nous, après avoir longtemps pesé le pour et le contre, Silas entre dans la minorité des (quand même !) 30 000 enfants non-scolarisés en France et on est ravis.
PS : je profite de ce post pour annoncer l'arrivée d'un nouveau lien à nous sous le blog-it express : celui qui me sert, quand je trouve le temps de l'alimenter, de carnet de bord dans l'accompagnement de mes enfants dans leur instruction et la nouvelle aventure de l'IEF, http://silasetanouchka.canalblog.com/
/https%3A%2F%2Fassets.over-blog.com%2Ft%2Fcedistic%2Fcamera.png)