Maman E.T.
Suite aux quelques questions (bienvenues) qu'on m'a posées concernant l'état de l'allaitement de Silas depuis l'annonce de ma grossesse (et étant donné qu'il doit y en avoir 10 fois plus qui n'ont pas été posées sous raison d'une quelconque pudeur, discrétion ou que sais-je encore...), il m'a semblé utile de rédiger un petit post sur l'allaitement pendant la grossesse. Car OUI, on peut continuer d'allaiter enceinte, voire même après ! Mais prenons les choses une à une :
Pendant une nouvelle grossesse, il n'y a aucun risque, ni pour le bambin, ni pour le bébé, ni même pour la maman, de continuer à allaiter le bambin. Ces mamans qui continuent de donner le sein (sans surdose d'hormones de grossesse pour le bambin puisqu'une très petite quantité passe dans le lait) tout en nourrissant intérieurement un autre petit être (sans le priver nullement de nutriments indispensables si elles se nourrissent bien et se reposent suffisamment) sont souvent considérées comme des extra-terrestres, d'où le surnom que je leur (et me) donnerai.
Certaines idées reçues ont la vie dure, notamment celles concernant une hypothétique augmentation du risque de fausse-couche ou d'accouchement prématuré : en réalité, pour faire démarrer le travail, il faudrait trois heures de stimulation des mamelons et c'est pas demain la veille que les tétées silasiennes dureront aussi longtemps, c'est moi qui vous l'dis (et puis, finalement, ce serait peut-être un moyen de déclencher naturellement des contractions cette fois-ci ;))
Concrètement et généralement, la production lactée semble diminuer doucement jusqu'au 5e mois de grossesse où elle baisse de manière notable. Dans les derniers mois, le lait laisse la place au colostrum, la "machine" met les compteurs à zéro pour s'adapter aux besoins du petit à naître, mais n'est pas pour autant nocive pour le "grand", dont les tétées ne vont que stimuler la production de colostrum (le "petit" en tirera d'autant plus de bénéfices).
Cependant, les changements physiques et psychologiques induits par la grossesse peuvent pousser une mère à sevrer ou un bambin à cesser de téter : certaines mamans E.T. peuvent éprouver, de manière soudaine et imprévisible, des sentiments de rejet vis-à-vis de leur "grand" pendant les tétées (et même parfois en dehors...), les tétées deviennent souvent un peu douloureuses en raison d'une sensibilité accrue des tétons (de cause hormonale), etc. Côté bambin, la diminution quantitative de lait ou les changements de goût peuvent démotiver le téteur le plus entêté...
Concernant l'après-naissance, outre le besoin instinctif éventuel de protection du nouveau-né et l'irritation envers le plus grand qui peut en découler, il faut, selon les spécialistes de l'allaitement (LLL notamment), de la créativité, une attitude positive et un bon sens de l'humour (sans compter, s'il est nécessaire de le préciser, un entourage encourageant et non-jugeant) : le nouveau-né, dépendant totalement du lait de sa mère d'un point de vue nutritionnel, devra téter en priorité, pour bénéficier pleinement du colostrum, sans qu'il lui soit imposé de schéma rigide (du style, chacun son sein) et petit à petit, un rythme naturel s'établira entre les 2 téteurs. Il faudra cependant veiller à ce que la séparation d'avec le grand, suite à l'accouchement, soit la plus réduite possible afin de ne pas interrompre la relation d'allaitement avec lui. Il risque de réclamer plus, dans un premier temps, en voyant le nouveau-né téter, voire même témoigner un peu de jalousie, mais dès qu'il se sera aperçu que l'arrivée de "l'intrus" ne le prive pas de sa relation à lui avec maman, les choses rentreront dans l'ordre et même, il arrive souvent que les bambins co-allaités adoptent une attitude très gentille, aimante et protectrice envers le nouveau-né. La quantité de lait ne pourra en aucun cas être insuffisante (si la mère prend soin d'elle, toujours, et se repose) puisque, comme pour un seul enfant, c'est la demande qui définit l'offre et des seins doublement stimulés produiront deux fois plus.
Les avantages, à mes yeux en tout cas, de continuer à allaiter pendant la grossesse et après :
- obtenir mes 3 ou 4 pauses quotidiennes pendant la grossesse puisque les tétées silasiennes
se déroulent le plus souvent dans le calme, allongés l'un près de
l'autre sur un lit = repos !
- n'avoir pas les seins tendus et lourds comme lors de ma première grossesse = confort !
- avoir une montée de lait, après la naissance, plus douce et plus rapide à la fois, le lait mature arrivant plus tôt et la proportion de colostrum dans son lait étant plus élevée plus longtemps dans les semaines suivant la naissance = confort pour moi et bénéfice pour le petit.
- en cas d'engorgement, le grand pourra éventuellement aider à résoudre le problème = soutien aux débuts de l'allaitement.
- le co-allaitement aide souvent à sceller une bonne relation entre les deux enfants en diminuant la jalousie de l'aîné et en le rassurant sur l'amour de sa mère à son encontre = tout-bénéf pour l'ensemble de la famille en aidant à trouver plus vite un nouvel équilibre.
Ma position, en définitive : rester ouverte à toute possibilité, en m'informant pour gérer au mieux la situation quelle qu'elle soit et devienne, et vivre tout cela au jour le jour. Pour l'instant, Silas continue de réclamer (voire même davantage) ses tétées, mes sentiments à son égards sont toujours aussi positifs et la sensibilité de mes tétons n'est pas assez accrue pour me donner envie de mettre moi-même un point final à cette merveilleuse aventure. Je suis soutenue dans cette position par le papa, toujours convaincu des vertus de l'allaitement (même s'il ne s'attendait pas à ce que ça dure autant ;)) et du sevrage naturel.
Voilou ! Vous savez tout (ou presque) ! Si vous en voulez encore, des précisions vous attendent ici ou là.